Patrick Malissard

Art de vivre

Quatrième génération de meuniers

Placé dans le quartier historique, le Moulin Malissard (anciennement "Moulin de l’Ange") est le dernier moulin urbain de la Côtière. Patrick, fils de Robert, petit-fils de Léon et arrière- petit-fils de Jean-Louis, fait tourner inlassablement les machines et se pose des questions sur sa succession.

 

Vous êtes meunier à Montluel depuis quatre générations. Racontez-nous l’histoire de votre famille et de ce moulin…

C’est mon arrière-grand-père Jean-Louis qui a créé notre société familiale en 1924. Nous allons donc bientôt fêter 100 ans d’existence. Au départ, Jean- Louis travaillait comme ouvrier dans ce moulin et dans un autre, placé en face de la collégiale. A l’époque, il y avait au moins trois moulins à Montluel et plusieurs autres sur la Côtière… Dans ce grand boom des meuniers, Jean-Louis a saisi sa chance et s’est lancé dans les affaires. Il a acheté ce moulin placé dans le centre historique de Montluel. La société tournait bien et elle s’est transmise de père en fils depuis quatre générations.

Pensez-vous pouvoir le transmettre à votre tour ?

Je n’ai qu’une fille, alors je ne pense pas - sauf si elle tombe sur un fou !

 

Pourquoi ? Ce travail est si exigeant ?

J’adore mon travail, mais il faut dire honnêtement que je passe plus de temps au moulin qu’avec ma famille. J’ai commencé à 16 ans, donc cela fait plus de 40 ans que je fais ce travail ! J’ai vu notre métier énormément changer. D’un côté, la mécanisation a rendu le travail moins physique. D’un autre côté, la consommation de la farine a nettement baissé et a rendu la vente moins évidente. Le pain n’est plus un aliment de base pour les Français. Nous nous sommes donc tournés davantage vers l’élaboration de farines spéciales, vers la recherche de nos propres mélanges. Actuellement, j’élabore une vingtaine de farines différentes. Chaque mélange, nous disons dans notre métier "maquette blé", prend en compte aussi bien les spécificités des variétés de céréales que leur provenance territoriale. C’est un métier d’expérience et de précision car pour élaborer une farine intéressante et efficace, il faut bien connaître sa matière première… Et ensuite, ce sont d’autres artisans qui apportent à mon produit une plus-value avec leur propre savoir-faire. La même farine peut donner naissance à une multitude de produits différents, plus au moins réussis.

 

Pour qui travaillez-vous ?

Ce sont avant tout les boulangers et les pâtissiers, mais aussi des industries alimentaires de luxe et les traiteurs. Je vends aussi un peu de farine aux particuliers.

 

Quel est votre plaisir quotidien dans ce dur labeur ?

J’aime la relation avec mes clients, l’échange, le partage d’expériences… J’aime aussi voir naître des produits de qualité faits à base de ma farine.

 

Etes-vous attaché à ce vieux moulin dont les pierres datent certainement du Moyen Âge ?

Oui bien sûr. Nous travaillons ici depuis un siècle ! Nous habitons aussi sur la Côtière depuis quatre générations. Moi-même, j'habite depuis de nombreuses années à Niévroz, alors mon attachement à ce lieu est affectif, même si du point de vue purement pratique notre placement aujourd’hui crée plutôt un handicap. Le centre de Montluel est difficilement accessible pour les camions de livraison et l’endroit ne permet pas un développement de la société.

 

Quelle serait la situation idéale ?

Prendre ces vieilles pierres qui contiennent 1 000 ans d’histoire de Montluel et 100 ans d’histoire de ma famille, les déplacer dans une zone industrielle et faire une belle extension !

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